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5140lady_in_a_red_dress.JPGdans mon p'tit recoin de l'internet où j'y présente ma vie et tout ce que j'aime, comme l'écriture et surtout la littérature de science-fiction et de fantastique. Ici je résume surtout mes lectures pour ne pas oublier et aussi pour faire découvrir des œuvres méconnues. Bonne visite !

 
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Le Bon Vieux Temps

26 août 2018 7 26 /08 /août /2018 17:15

Écrit par Dennis Wheatley [1897-1977], Toby Jugg le possédé est un roman (Marabout, série fantastique, 1975, N°520) qui met en scène un personnage principal paralysé des membres inférieurs suite à un combat aérien pendant la Seconde Guerre mondiale en Grande-Bretagne. Son nom est Toby Jugg (plus précisément : « ...capitaine aviateur Sir Albert Abel Jugg, baronet D.F.C. de la Réserve des volontaires de la R.A.F. (à la retraite) » (p.83). L'histoire se passe en 1942, pour être plus précise entre le 4 mai et le 24 juin, et elle est écrite sous la forme d'un journal intime. La dernière date du journal, soit le 3 juillet 1945, nous explique brièvement où en rendu le personnage après ses mésaventures.


Le style de ce livre ressemble un peu à Une nuit aveuglante (résumé ici). En effet, les deux personnages, Toby et Cyprien, écrivent leur histoire et les deux sont captifs d'une demeure qu'il ne maîtrise pas. Cependant, contrairement à Cyprien, Toby tente par tous les moyens de s'échapper de la situation désagréable dans laquelle il est maintenu par Helmuth, son tuteur. Ce dernier est un homme de confiance de la famille, qui fait partie du conseil d'administration et qui gère l'immense fortune du grand-père décédé de Toby. Cette fortune, Toby en héritera le jour de ses 21 ans, soit le 20 juin. Toby a reçu une éducation alternative dans une école qui refuse d'enseigner la religion, qui s'affiche contre tous les tabous sexuels et qui axe l'éducation sur les désirs et les passions de l'enfant. Dans cette optique, Toby a reçu une formation laxiste, mais solide exempte des superstitions et des dogmes catholiques.


Toby se bat constamment contre l'extérieur et les multiples personnes qui cherchent à le nuire, il est un exemple de courage et de combativité, car malgré son handicap, il ne cesse de trouver des idées pour s'enfuir. Comme il le dit : « ...je serais fou de ne pas essayer d'utiliser toutes les armes que je peux trouver dans mon arsenal bien tristement limité. » (p. 78). Notamment, il développera ses capacités hypnotiques pour contrôler son infirmière enfin qu'elle poste des lettres aux membres de sa famille. En effet, Helmuth intercepte son courrier grâce aux personnels (infirmière, domestiques, etc.) travaillant dans le château et vivant dans la crainte de cet homme intelligent, séducteur et malfaisant. 


Dans son journal Toby nous raconte sa vie en se concentrant sur deux évènements étranges dont il a été témoin dans son enfance. Mais surtout il écrit pour la raison suivante : « J'ai commencé ce journal avec simplement l'idée de mettre noir sur blanc mes expériences récentes et étranges, de manière à les étudier d'une manière plus objective. » (p.39). Ces expériences, il les vit depuis qu'il a emménagé dans la demeure de Helmuth. Cette maison est adossée au château de Llanferdrack, dans le Pays de Galle. Entouré de ruines, d'un lac et de forêts, le château a tout pour créer une atmosphère de roman gothique. Quant à Toby, il est tourmenté par une ombre qui lui apparaît la nuit, lorsque la lune est pleine, et qu'il distingue à cause de rideaux coupés trop courts. « En raison de l'étroitesse relative de la bande lumineuse, je ne peux jamais voir l'ombre dans son ensemble; mais elle paraît causée par un grand corps sphérique muni de nombreux membres ondulants. Pour être honnête, je suis arrivé à la conclusion que c'est une pieuvre. » (p.22). L'étrange créature qui le terrorise me fait penser à un Cthulhu (encore lui...). Plus tard, il se rétracte : « ... je ne crois plus que cette incarnation du Mal puisse avoir la forme d'une pieuvre, car ces animaux ont huit tentacules tandis qu'elle n'en a que six. De plus, les tentacules de la pieuvre s'attachent sous son corps tandis que ceux de la Chose semblent s'y rattacher en un point situé au deux tiers de son épaisseur.  » (p.159). Il a bien observé l'apparition de la chose, qui en plus d'être hideuse, lui a fait ressentir la plus effroyable frayeur de sa vie. Selon ses analyses, la Chose est clairement une manifestation du malin. Soit dit en passant, le titre, Toby Jugg le possédé, laisse penser qu'il devient possédé par le malin, mais ce n'est pas le cas, il est plutôt hanté, comme le titre original le mentionne, The Haunting of Toby Jugg.

 

Helmuth et ses acolytes essaient donc de lui faire accepter qu'il souffre d'un déséquilibre mental cyclique, mais Toby tient bon. Il croit plutôt que c'est Helmuth qui est fou : « Je ne suis pas absolument certain de ne pas être fou, mais il semble y avoir toutes les chances pour que lui le soit. Quiconque le connaît ne contestera pas son esprit brillant, mais on dit que le génie et la folie sont séparés par l'épaisseur d'un cheveu. Deux ans et demi de réclusion ici, sans personne de son niveau intellectuel à qui parler, l'ont peut-être amené à se laisser aller à de longues périodes d'introspection morbide et c'est parfois ainsi que les gens perdent la raison. » (p.78-79). Les apparitions font donc douter Toby sur sa santé mentale, même s'il a confiance en son jugement et qu'il s'introspecte souvent. En fait, les évènements sont tellement invraisemblables que c'est difficile de donner raison à la perception de ses sens et Toby en est très conscient. Donc, il  s'efforcera de démontrer à ses proches qu'il est bien en santé mentalement et que le combat qu'il livre contre le mal est bien réel.


Je ne pourrais parler du roman sans mentionner la dimension politique de l’œuvre. Écrit en 1948, elle s'inscrit directement dans le contexte de la Guerre froide, alors que l'occident se prépare à combattre le fléau du communisme. Dans mon cas, j'ai beaucoup aimé les allusions à cette bataille entre les deux systèmes économiques dans le récit. J'ai apprécié aussi lorsque Toby mentionne les batailles et le déroulement de la guerre (je rappelle que le journal intime est écrit en 1942).  Donc, la politique est un thème majeur dans l’œuvre, comme c'est le cas aussi pour la religion, croire ou ne pas croire à la bataille du bien contre le mal, telle est la question soulevée tout au long du récit.


Plusieurs diront que ce roman a mal vieilli, je ne suis pas d'accord, il est très moderne à mon avis dans sa façon d'analyser la société. Toby est très en avance sur son temps, il est critique envers lui-même et envers ce qu'il lui arrive et malgré tout, il garde toujours la tête froide. Il juge sa société, comme aujourd'hui on juge la nôtre. En effet, il expliquera que les gens se désintéressent des expériences psychiques à cause du manque du temps dû aux innombrables activités telles que « ...des voyages à prix réduit mettant le bord de la mer à proximité de toutes les demeures, le sport enseigné aux enfants dès l'école et devenant une énorme industrie nationale, le cinéma, le théâtre, et des concerts dans toutes les villes, des programmes de radios ininterrompus... » (p.16). Ça me fait penser un peu à notre société, à mon avis on se désintéresse de nos jours à  bien d'autres activités (lire, écrire, etc.) au détriment des jeux (très moi, je l'avoue... ) ou des réseaux sociaux (pas moi, une chance).


Ce livre est costaud à lire, je n'irais pas jusqu'à dire qu'il est difficile, mais le style est quand même différent (vieille école) et un peu lourd. Mis à part ça, le roman est captivant, on s'imagine très bien l'espace dans lequel évolue le personnage. On est avec lui dans la pièce lorsqu'il fait face à la créature. On s'imagine très bien à sa place, incapable de bouger, pas seulement à cause de la peur, mais aussi à cause de son handicap physique. L'angoisse est à son maximum face au malin d'une part et d'autre part face à l'abandon, l'incompréhension et la trahison. Mais, le bien triomphe toujours, le message de l’œuvre en est un d'amour, de courage, d'espoir et de foi en la vie.

Liens:
Sur Noosfere
Sur Hugin & Munin (Blog)
L'auteur, sur Wikipédia

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