L'éditorial de Jacques Sadoul et l'introduction d'Yves Frémion se rendent compte du même sujet : La présence de plus en plus nombreuse de femmes lisant et écrivant de la Science-Fiction. Il est vrai que le début de la SF est plus une affaire d'hommes que de femmes, mais ça n'allait pas être heureusement toujours comme ça. De nos jours ce genre de constatation n'existe plus, la femme a pris sa place dans cette littérature et performe. Il ne faut pas s'insurger de ce type de pensée, certes elles appartiennent à un autre âge, mais il est important de réaliser d'où l'on vient pour apprécier le chemin parcouru, et ce, même si on est arrivé à destination. Dans mon cas, que le récit soit écrit par une femme ou un homme, ça m'importe pas, ce que je recherche ce sont des textes qui me font réfléchir et avancer dans ma connaissance de la littérature de l’imaginaire.
1 - Edward BRYANT, Tourmaline Hayes et l'hétérogyne (Hayes and the Heterogyne), 7/10, C'est l'histoire d'une sorte de voyage dans le temps qui tourne plus ou moins bien. Vince, un étudiant peu populaire auprès de la gente féminine est propulsé 600 ans dans le futur. Il rencontre un couple. une jeune fille Tourmaline et un hétérogyne Timnath, appelé ainsi par des manifestants (des anachronistes créateurs ou néo-creelistes) qui prônent un retour à la procréation naturelle. En effet, dans ce futur la maternité telle qu'on la connaît n'existe plus, les fœtus se développent dans des éprouvettes et les hommes ont la possibilité de se faire implanter un utérus afin de porter un enfant :
« - En fait, je ne connais qu'une seule personne qui a porté un enfant dans son propre corps. C'est Timnath.
Ce fut au tour de Vince d'être stupéfait.
- Mais... C'est un homme, n'est-ce-pas ?
-N'attache pas tant d'importance aux génotypes superficiels. La somatique peut être modifié aussi. Timnath est allé au centre et s'est fait implanter un utérus. Il a porté son enfant presque à son terme[...] mais même lui n'a pas voulu aller jusqu’au bout. Il a fait transférer le fœtus dans une mère d'accueil.
- Une femme ?
- Non, une vache. » (p.28)
Je vais conclure qu'évidemment dans cette société du futur, tout le monde se promène nu, l'amour est totalement libre, il n'y a pratiquement aucune règle et les tout le monde est égaux. Le paradis dessiné par un écrivain des années 70.
2 - Danielle FERNANDEZ, Aléa, 5/10, Je n'ai pas trouvé ce récit très clair, Aléa une ville où les voisins se surveillent et se dénoncent, subit un tremblement de terre causé par la population en proie à la folie. Pour protéger la cité-état, le créateur émerge d'une sorte d'hibernation pour réparer ORKA, le système qui régule et contrôle cette cité.
3 - Sylviane CORGIAT, 5/10, Paysages de la Troisième guerre mondiale, Une guerre vient de se déclaré, Maté et Rufo se promènent dans un décor ressemblant au Vietnam. Ils délirent chacun leur tour, se soupçonnent et s’emmêlent dans leurs souvenirs qui se confondent.
4 - Julie MONTANIÉ, Les Chinois mangent les enfants ?, 2/10, Dans un monde détruit, des individus ayant survécu tirent au sort qui va manger quoi. Donc, au lieu de réfléchir à la perpétuation de l'espèce, ils laissent le hasard décider
5 - Craig STRETE, Où ils ont placé les agrafes, et pourquoi elle a éclaté de rire (Where They Put the Staples and why She Laughed), 1/10, est-ce que j'ai lu cette nouvelle ? Peut-être... je ne m'en souviens plus.
6 - Jaime ROSAL, Le Pont (El puente), 1/10, Je n'ai vraiment pas aimé ce récit qui explore l'originalité d'écrire deux histoires (voire trois, selon Yves Frémion) en alternant les lignes. Bref, pour suivre la première histoire par exemple, on doit lire les lignes, 1,3,5...etc. Il paraît que c'est une demande des lecteurs qui trouvent que « Univers n'est pas assez obscur et intelligent ! » (p.8). Dans mon cas, ce magazine est bien assez obscur !
7 - Thomas Michael DISCH, La Planète du viol (Planet of the Rapes), 7/10, À mon avis la meilleure nouvelle du numéro, et ce, malgré son titre choquant. Ce récit semble être le fruit d'un fantasme refoulé de l'homme et en même temps le paroxysme du mythe chrétien du fruit défendu. Tout ça mêlé avec la légende des hyperboréens.
Unviers 16 se termine avec un port-folio de Michel Duveaux intitulé Dans les prisons de Piranese et un entretien très intéressant avec Thomas M. Disch, l'auteur de la dernière nouvelle. Pierre Ferran, avec son texte Éléments pour un bestiaire de la science-fiction, recense les types d'animaux extraterrestre dans les nouvelles de SF. On apprend à la page 141, que le type qui occupe le rang 1 est les vertébrés avec 579 cas pour mille, suivi des hybrides et des « non apparentables à une espèce terrestre » avec 322 cas pour 1000. Les invertébrés comptent quant à eux 95 cas pour mille.
Finalement, Jacques Sadoul termine avec un hommage à Jacques Bergier. Décédé le 23 novembre 1978, cet homme intelligent hors du commun est entré dans l'immortalité en laissant dans son sillage d'innombrables textes (notamment dans le magazine Planète, que je viens d'ailleurs d'acquérir dans son ensemble), livres et œuvres, dont sa plus célèbre, Le matin des magiciens, qu'il a coécrit avec Louis Pauwels.
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