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5140lady_in_a_red_dress.JPGdans mon p'tit recoin de l'internet où j'y présente ma vie et tout ce que j'aime, comme l'écriture et surtout la littérature de science-fiction et de fantastique. Ici je résume surtout mes lectures pour ne pas oublier et aussi pour faire découvrir des œuvres méconnues. Bonne visite !

 
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Le Bon Vieux Temps

2 juin 2018 6 02 /06 /juin /2018 13:01

Il y a très longtemps que je possède ce livre (Marabout Géant, 1966, N°G250), c'est peut-être le premier marabout que j'ai acheté, je l'ai payé 69 cents à l'Armée du Salut. Comme je me prépare à déménager, des livres ressurgissent des profondeurs et celui-ci m'est apparu, je me suis dit que ça me ferait changement de la SF et en plus il était très accessible. La préface de Hubert Juin nous présente les deux auteurs français qui apparaissent sur la couverture soient, Émile Erckmann [1822-1899] le rédacteur et Alexandre Chatrian [1826-1890] qui est, entre autres, le correcteur.
 

L'anthologie s'ouvre sur la nouvelle titre, la plus longue du recueil, soit Hugues Le-Loup. L'ambiance y est, le style est celui des nouvelles qui se lisent au coin du feu pendant une nuit d'hiver. On suit Fritz, un médecin, qui à la demande de Sperver, son père qu'il n'a pas vu depuis plus de dix ans, doit se rendre après du comte de Nideck qui est aux prises avec de violentes crises : « ...la maladie du comte est périodique, elle revient tous les ans, le même jour, à la même heure; sa bouche se remplit d'écume, ses yeux deviennent blancs comme des billes d'ivoire; il tremble des pieds à la tête et ses dents grincent les unes contre les autres. » (p.17) Le comte, sa fille et tous leurs serviteurs, dont le père de Fritz, habitent un immense château construit à même le roc de la montagne. Le comte à l'agonie est tourmenté par une vieille, dénommée La Peste-Noire, qui s'agenouille dans la neige près du château déclenchant alors, sans en comprendre le lien, les crises du comte. Alors que le comte lutte pour sa vie, Frizt réfléchit à la mort : « Un jour, cette même lutte aura lieu pour nous. Et la mort victorieuse nous emportera dans son antre, comme l'araignée la mouche. Mais la vie... elle... l'âme, déployant ses ailes, s'envolera vers d'autres cieux en s'écriant : « J'ai fait mon devoir, j'ai vaillamment combattu ! » Et d'en bas, la mort, la regardant s'élever, ne pourra la suivre : elle ne tiendra qu'un cadavre ! » (p.88) À la demande de Odile, la fille du comte, Fritz et son père partiront sur la piste de la vieille femme et perceront les mystères qui entourent la haute famille. J'ai particulièrement aimé ce proverbe allemand cité par Sperver : « Si c'est le diable qui a fait la soif, à coup sûr c'est le Seigneur Dieu qui a fait le vin ! » (p.40). Ce récit fantastique est vraiment captivant, les lieux décrits sont magiques, les personnages sont des classiques, la dose de mystère est parfaite et ça fait vraiment du bien de s'évader dans les murs d'un château rempli de mystères, d'ombres, de beuveries et de peur.


Après la nouvelle titre, de courts récits aux thèmes différents, mais toujours fantastiques se succèdent. Un peintre dresse une esquisse durant la nuit présentant un meurtre se déroulant dans le monde réel (L'esquisse mystérieuse), un genre de savant fou découvre que l'être humain possède trois âmes, soit une âme humaine, une animale et une autre végétale (Les trois âmes). L'araignée crabe est une histoire de créature, dans une station thermale, une araignée antédiluvienne dissimulée dans une grotte chaude et ténébreuse, sème la terreur en se délectant des animaux et des humains qui s'y approchent de trop près. Dans Le Cabaliste Hans Weinland,  un professeur de métaphysique se venge d'une manière funeste des hommes qui l'ont humilié, tout en épargnant Christian l'un de ses anciens élèves. Le professeur expose ses théories à Christian, qui ne peut que ressentir de la peur mêlée à de la fascination : « Ce qu'il y a de plus étrange dans ce monde, vois-tu, Christian, c'est que l'une des moitiés du globe soit en pleine lumière, et l'autre dans les ténèbres ; il en résulte que la moitié des êtres animés dort, pendant que l'autre veille. Or, la nature qui ne fait rien d'inutile, la nature qui simplifie tout, et sait obtenir ainsi la variété infinie dans l'unité absolue, la nature, ayant décidé que tout être vivant resterait assoupi la moitié du temps, a décidé par là même qu'une seule âme suffirait pour deux corps. » (p.215-216). Un musicien qui ne parvient pas à terminer son requiem est aidé par la mort d'un corbeau (Le Requiem du corbeau).


Dans Messire Tempus un jeune homme revient chez lui après plusieurs années et trouve une ancienne amie le cœur déchiré entre un bossu, un boiteux et un borgne, des anciens soupirants frappés d'une malédiction. L’œil invisible ou l'auberge des trois-pendus, raconte l'histoire d'un peintre qui déjoue les plans diaboliques d'une vieille surnommée Fledermausse (chauve-souris). Le récit Le Bourgmestre en bouteille a une fin plutôt comique, j'y ai appris ce qu'était un mannekenpis brabançon. Dans ce récit on décrit les effets de l'alcool sur la personnalité : « [...] il ne faut pas se dissimuler que certaines liqueurs renferment les principes de la fantaisie et même de la fantasmagorie. J'ai vu des hommes gais devenir tristes, des hommes tristes devenir gais, des hommes d'esprit devenirs stupides, et réciproquement, avec quelques verres de vin dans l'estomac. C'est un profond mystère ; quel être sensé oserait mettre en doute cette puissance magique de la bouteille ? N'est-ce pas le spectre d'une force supérieure, incompréhensible, devant laquelle nous devons incliner le front, puisque tous nous en subissons parfois l'influence divine ou infernale. » (p.281). Dans le Le Violon du pendu, un jeune homme gras part à la recherche de l'inspiration musicale en s'assurant, selon les bons conseils de son maître, de maigrir en marchant longuement et en mangeant peu.  Finalement, dans La Reine des abeilles, une jeune fille aveugle prend soin de milliers d'abeilles et ces dernières lui rendent bien ; un conte magnifique.


Ce recueil de récits fantastiques est un classique dans son genre, les maisons et les lieux en général sont décrépis, les personnages jeunes sont toujours confrontés à des plus vieux dépeints de manière très détaillée. Ces vieux transportent leurs histoires, leur misère et leur rêve perdu. En lisant ce livre, nous entrons dans la culture du 18ième siècle, avec ses coutumes, ses habillements, ses manières et ses mœurs. C'est un saut dans le temps agréable et mystérieux. Il est rare que j'ai terminé une histoire sans un petit frisson parcourant mes bras. Ce que j'ai particulièrement aimé c'est la description des lieux et les relations entre les personnages très courtoises, très ancien temps. Ce que j'ai moins aimé, c'est le manque d'approfondissement du personnage principal qui devient en quelque sorte secondaire aux autres personnages qui eux sont très détaillés. En bref, celui-ci est une sorte de spectateur qui nous dépeint ce qu'il voit en s'oubliant lui-même.      


Liens :
Sur Noosfere
Site dédié aux auteurs
Les auteurs sur Wikipédia
Excellent article sur L'ouvreuse

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